Lors d'un long voyage, j'ai perdu une case.
C'est que je suis tombé sur une sacré occase.
Il y avait un type un peu dérangé
qui avait une montgolfière à échanger.
Mais en fin de compte, c'était un vrai roublard,
car elle ne se gonflait qu'en y brûlant du lard
et en plus, il y avait des trous dans tout les coins du ballon
qui était en fait confectionné avec des peaux de saucissons.
Pour y pallier, j'ai échangé contre un neurone
une bonne grosse poignée de vieilles rustines.
Du coup, j'ai pu m'élever dans les vents
qui m'ont emmenés loin du continent.
J'ai survolé des régions inconnues et exotiques
où j'ai croisé tout un tas d’animaux sympathiques.
Un jour, j'y ai eu une demande saugrenue d'un perroquet
qui voulait une de mes cases pour être moins simplet.
Mais comme mon moyen de transport
était depuis peu définitivement mort,
je lui ai proposé de la troquer contre une pirogue
et un coin tranquille pour me servir de gogues.
Après l'échange, je me suis retrouvé voguant sur l'eau
en beuglant à la jungle qu'il n'y avait rien de plus beau.
Mais dès les premiers grands méandres,
je me suis échoué près d'une salamandre.
Je l'ai suivie le long de la plage
où j'ai vu une famille de singes.
Ils étaient tous tellement forts et intelligents
que je suis devenu leur admirateur le plus fervent.
Je leur demandai souvent comment ils savaient tant de choses
et que d'apprendre d'eux serais pour moi vraiment l'apothéose.
Un jour, exaspérés, ils me répondirent que pour ne pas finir idiot
il fallait conserver, ménager et surtout faire travailler son cerveau.
(musique : "Jump in the line" Harry Belafonte )