Depuis que mon cœur est parti,
il y a mon âme qui frémit
et mon sang qui se refroidit.
Mes membres se sont figés,
mes os se sont alors effrités
et mes dents ne font que claquer.
Je contemple de mon banc
le manège des passants
et les jeux des enfants.
Je regarde simplement tomber le soir
et les ombres s'allongeant sur le square,
appelant l'obscurité et le désespoir.
C'est l'heure que choisit la tourmente
pour pousser les paumés sur la mauvaise pente
et leur insuffler des pensées méchantes.
Ils se transforment en dealers de poisons
que distille les veines de nos prisons
pour engendrer le malheur et la destruction.
Lorsque pointe le petit matin,
disparaissent les derniers mutins,
laissant traîner les restes de leur festin.
Cadavres abandonnés aux charognards
en quête de chaos dès la sortie du plumard,
suivi au lueurs du soleil par des hordes de cafards.
Cette population en déchéance
qui ne compte plus que sur la chance
pour sortir de leur vie de souffrances.
Zombies en attente de rédemption,
troupeau décérébré de moutons
qui stagne saison après saison.
Et l'herbe lentement se meure
dans ce parc où s'installe la terreur
d'où pourtant ne s'élève aucune clameur.
Chacun y continue son chemin solitaire,
sans le moindre petit regard en arrière
en longeant chaque jour de nouvelles barrières.
(musique : Saez "jeune et con" )